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mardi 12 septembre 2023

Voyage en Inde du Sud - Découverte de l'ONG Kudumbam (Emmaüs International) - Partie 3

Rencontre avec deux agriculteurs biologiques près de la ferme de Kolunji

Au cours de la première semaine de mon voyage dans l'Etat du Tamil Nadu, en Inde du Sud, et après avoir visité la ferme écologique de Kolunji, près de Trichy, j'ai pu aller à la rencontre de deux agriculteurs convertis à l'agriculture biologique depuis maintenant une quinzaine d'années.

Ces deux agriculteurs, M. Aravindan et M. Kalaiselvan, sont venus chez le premier pour nous réunir et présenter leurs activités.

Réunion de présentation des activités des deux agriculteurs biologiques.
De gauche à droite : Oswald Quintal (de Kudumbam), 
M. Vijayakumar (frère de M. Aravindan, qui le représente),
 M. Kalaiselvan et Ramadass (de Kudumbam).
    

M. Aravindan et M. Kalaiselvan se sont convertis à l'agriculture biologique depuis une quinzaine d'années. Ils ont commencé par suivre les formations proposées par l'ONG Kudumbam, à la ferme de Kolunji située à quelques kilomètres.

Ils expliquent volontiers que leur conversion depuis un mode d'agricultures suivant les principes de l'agro-industrie chimique vers un mode d'agriculture biologique, dans le respect des principes enseignés par Kudumbam, demande quelques années pour être mise en oeuvre. M. Kalaiselvam précise pour sa part qu'il lui a fallu 4 ans pour effectuer la transition.


La ferme de M. Aravindan

Etant en visite dans la ferme de M. Aravindan, nous avons pu nous rendre compte des équipements mis à disposition dans sa ferme. Kudumbam a soutenu la création d'une petite entreprise collective, la Kolunji Farmer Producer Company, qui réunit 300 agriculteurs de la localité, dont Mr Aravindan et M. Kalaiselvan font partie.

L'objectif de l'entreprise est de permettre à ces agriculteurs de transformer les céréales qu'ils produisent (plusieurs variétés chaque année) et de les commercialiser par eux-mêmes. Avec le soutien de Kudumbam, ils ont reçu une subvention de l'Etat pour disposer de ces machines. Elles sont installées sur le terrain de M. Aravindan mais sont à la disposition des 300 agriculteurs membres de l'entreprise.

Le frère de M. Aravindan, qui le représentait au moment de notre visite, nous a fait visiter le bâtiment dans lequel les agriculteurs de la Kolunji Farmer Producer Company effectuent la transformation jusqu'au conditionnement. 

Voici quelques images :

Le bâtiment qui abrite les machines. Il est situé à côté des terrres agricoles.

Vue vers l'intérieur du bâtiment depuis l'entrée.




Chaque machine est prévue pour une céréale particulière. Pour cette raison, il y a autant de machines que de variété de céréales produites. Toutes fonctionnent à l'électricité.




Il y a des machines pour décortiquer, peler, concasser, broyer, notamment pour obtenir des graines sans pelure ni coquille, ou des farines.

Exemple de céréale avant d'être passé en machine (à droite) et après (à gauche)
pour être partiellement décortiquée. Parfois, une variété de céréale
 doit passer par plusieurs machines pour être entièrement décortiquée.

D'autres machines sont entreposées à l'extérieur. Elles ont des fonctions variée pour transformer tous types de céréales produites, jusqu'au conditionnement.




Cette machine (seule à avoir un moteur thermique) sert à planter les semis dans les rizières.

 M. Aravindan (à gauche) et M. Kalaiselvan (à droite).

Another Farmer Producer Company, the Kovil Veerakudi, a pu investir aussi dans une production d'énergie électrique propre, avec l'installation de panneaux solaires. Ils disposent de 15 KW/Heure d'énergie électrique, utilisés principalement pour une pompe qui puise l'eau dans un puits situé près du bâtiment où sont entreposées les machines.

Quand ils ont besoin d'énergie supplémentaire pour faire fonctionner leurs machines, ou quand il n'y a pas assez d'énergie solaire dû à un faible ensoleillement, les agriculteurs utilisent l'énergie électrique du réseau national. Le Tamil Nadu est suffisamment développé pour que tous les habitants aient accès au réseau électrique, y compris en milieu rural (de même pour le téléphone mobile et l'accès à Internet par la 4G).

Disposer d'une production d'énergie électrique autonome permet de faire des économies sur la facture d'électricité, car les machines utilisées pour la transformation des céréales sont gourmandes en électricité.

L'installation de panneaux électriques solaires.


La ferme de M. Aravindan dispose d'un large puits, comme beaucoup d'agriculteurs, dans lequel il peut pomper l'eau pour arroser ses cultures lorsque les pluies de mousson sont insuffisantes, ce qui est de plus en plus fréquent décennies après décennies.


Après pompage, l'eau du puits est envoyée dans un réseau de tuyauteries enterrées à 30 centimètres sous les sols sur une partie des champs de la ferme.

Des éléments de tuyauterie visibles depuis les abords d'un champs de cannes à sucre.

Ce réseau de tuyauteries permet de consommer 5 fois moins d'eau que s'il fallait irriguer en surface.

Le champs de cannes à sucre irrigué par le sous-sol.

En suivant les principes enseignés à la ferme-école de Kolunji, M. Aravindan a aussi planté différents types d'arbres et d'arbustes autour des ses parcelles de champs. En voici quelques images :

Une plantation de bananiers à gauche aux abords du champs de cannes à sucre.

A gauche, la limite du champs de cannes à sucre, 
à droite différentes variétés d'arbres et d'arbustes plantés depuis 15 ans.

Les bananiers aux abords du champs, et devant, d'autres plants attendent d'être plantés.

Vue plus lointaine des arbres et arbustes situés aux abords du champs de cannes à sucre, caché derrière.

De l'autre côté de la voie d'accès à la ferme, d'autres bâtiments et terres non exploitées sont utilisés pour d'autres fonctions : Elevage de moutons, avec son bâtiment pour les abriter. 



Le petite bâtiment ci-dessous est utilisé pour produire du vermi-compost naturel, à partir des déchets organiques issus de la transformation des récoltes et des déjections des animaux d'élevage.



La visite terminée, nous allons voir la seconde ferme, celle de M. KAlaiselvan.
Sur cette photo, on peut voir la ligne électrique du réseau national.


La ferme de M. Kalaiselvan

M. Kalaiselvam dispose d'une quinzaine d'hectares de terres situés à quelques kilomètres de la ferme école de Kolunji. Depuis sa conversion à l'agriculture naturelle, il s'est progressivement spécialisé dans la production de riz à partir de semences traditionnelles (paysannes), pour aujourd'hui en produire 64 variétés.

L'avantage de produire une telle diversité, est de développer des variétés plus résistantes à la sécheresse que d'autres (y compris celles issues des OGM, qu'il ne cultive pas), et de pouvoir les commercialiser progressivement afin de promouvoir et de développer à plus large échelle ce type de semences.

M. Kalaiselvan est devenu convaincu que seule l'agriculture naturelle permettra de surmonter les sécheresses toujours plus nombreuses depuis les années 1980. Comme beaucoup d'agriculteurs ayant achevé leur conversion, il a été aidé par l'ONG Kudumbam en allant se former à la ferme de Kolunji.

Il a toujours été accompagné par les équipes de Kudumbam, à tel point que depuis quelques années, il est devenu aussi formateur pour de plus jeunes agriculteurs qui veulent se tourner vers l'agriculture naturelle.

La variété de riz qu'il cultive est inédite en Asie du Sud, ce qui a permis à M. Kalaiselvan de se forger une réputation au delà des frontières de l'Inde, dans plusieurs pays d'Asie. Il se déplace de temps en temps en Asie du Sud-Est pour témoigner de son travail et des effets bénéfiques de l'agriculture biologique sur la condition de vie des agriculteurs de sa région. Il est régulièrement interviewé par des journalistes qui viennent le voir depuis différentes partie du Monde, notamment d'Europe et d'autres pays d'Asie.

Quelques images pour découvrir sa ferme :








La mécanisation n'est pas absente dans l'agriculture indienne, Les machines sont plus petite que chez nous en Europe, car adaptée aux dimensions des fermes elles aussi plus petites (les agriculteurs indiens possèdent souvent 2 à 3 hectares de terres et jusqu'à 15 à 30 hectares pour les plus grandes exploitations).


Selon les principes qu'il a appris à la ferme de Kolunji, M. Kalaiselvan élève aussi des animaux (vaches, moutons). Les déjections de ces animaux entrent dans la composition de préparations, notamment pour la production d'engrais naturels, ou pour produire des répulsifs contre les parasites qui peuvent attaquer les cultures. Les vaches et les moutons produisent aussi du lait pour la consommation de la famille, et de temps en temps, servent de nourriture afin de fournir un apport en protéines animales.

Sur une parcelle de son champs, M. Kalaiselvan fait pousser différentes variétés d'arbres et d'arbustes, afin d'en utiliser les feuilles. Celles-ci vont entrer aussi dans la composition des engrais naturels, des répulsifs contre les parasites, et aussi de plantes médicinales qui seront toutes utilisés pour la ferme et la famille qui y vit.




Une préparation utilisée comme répulsif contre les parasites des plantes.

Une autre machine utilisée pour retirer les mauvaises herbes.

On élève aussi des dindes.

M. Kalaiselvan (à gauche), avec Ramadass (à droite). 
Nous prenons le temps d'échanger sur son expérience d'agriculteur biologique.

Conclusion de ces deux visites :

M. Aravindan et M. Kalaiselvan sont deux agriculteurs qui ont régulièrement suivi les formations dispensées par l'ONG Kudumbam à la ferme de Kolunji depuis une quinzaine d'années. Ils sont toujours régulièrement suivis par l'équipe de Kudumbam, ceci à permis de maintenir la motivation pour rester durablement des agriculteurs biologiques.

Depuis quelques années, ces deux agriculteurs ont acquis suffisamment d'expérience pour faire partager leurs connaissances et leurs pratiques auprès d'autres agriculteurs qui souhaitent se lancer dans une conversion vers l'agriculture naturelle. Ils interviennent désormais en tant que formateurs à la ferme de Kolunji, mais aussi dans d'autres Etats de l'Inde, voir à l'étranger, surtout en Asie du Sud-Est.

Article rédigé par Tony Coiplet

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